« La religion dans une société est politiquement neutre »

Mgr Jean Mbarga, archevêque métropolitain de Yaoundé.

Mgr, vous avez suivi l’appel des dignitaires musulmans à la neutralité des leaders religieux en cette période électorale. Comment réagissez-vous à cet appel ?

Nous partageons avec la communauté musulmane cette conviction que la religion dans une société est politiquement neutre. On peut dire apolitique, pour la simple raison que la religion chrétienne, musulmane, ou autre, met les hommes, tous les hommes, chaque homme, en relation avec Dieu. Et pour jouer ce rôle de rassemblement des enfants de Dieu, il faut être tout à tous, comme dit SaintPaul. Par conséquent, les clivages ou d’autres formes d’appartenance, ne doivent pas peser dans notre appréciation des hommes que nous rencontrons. Comme Dieu, tous les hommes sont les enfants de nos chapelles, de nos religions et nous sommes au service de toute l’humanité sans aucune discrimination. La politique étant généralement décomposée en partis, ce qui crée naturellement des esprits partisans, ne peut donc pas entrer dans la vision chrétienne du rassemblement des en fants de Dieu. Et la religion chrétienne devient par ce fait, une religion de neutralité politique.

Vous nous avez souvent enseigné que tout pouvoir vient de Dieu et que la voix du peuple est celle de Dieu. Au regard des résultats de la présidentielle, est-ce qu’il n’est donc pas temps de tourner cette page ?

La démocratie, c’est l’humanisation de la conquête et de la conservation du pouvoir. Dans les sociétés anciennes, c’était la guerre. C’était le plus fort qui aura tué l’autre qui régnait. Mais avec l’avènement de la démocratie, nous avons appris à humaniser le processus qui mène à la prise des responsabilités dans un pays. Et le Cameroun a voté des lois et des procédures qui humanisent et légalisent le processus d’accès aux postes de responsabilité notamment à la présidence de la République. A partir du moment où ce processus a joué son rôle, inéluctablement, la personne qui en sort élue est légalement constituée, et a droit à la reconnaissance de tous les citoyens. Une chose, c’est le temps des élections et une autre, c’est le temps de la vie na tionale. Les tensions électorales finissent avec la proclamation des résultats. Et après elle, s’ouvre la vie nationale. C’est pour cela que nous pouvons dire que le responsable élu agit au nom de Dieu qui est un Dieu Rassembleur. Il mérite donc le soutien et l’appui des forces vives du pays et de tous les citoyens.

Qu’est-ce que l’église a fait pour véhiculer ce message de rassemblement et de respect des institutions ?

Nous avons tous suivi les règles du jeu, dans le processus électoral et nous y avons participé. On ne pouvait pas participer à une organisation que ne respections pas au départ. Donc, nous sommes fidèles et logiques dans notre démarche. Pour nous, tous les évêques du Cameroun ont écrit une lettre pour rappeler cette démarche légale des citoyens vis-à-vis de la République. C’est pour nous le texte de base qui a orienté l’éveil du civisme des citoyens camerounais. Ça veut dire que nous avons vraiment préparé le peuple de Dieu à prendre part à ce processus électoral et à respecter les institutions, parce qu’on reproche à l’Afriq...

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