«Les archives contribuent à la construction cohérente de la mémoire collective »

Pr Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Arts et de la Culture, explique.

Monsieur le ministre, la conférence annuelle du Conseil International des Archives « ICA Yaoundé 2018» s’ouvre ce lundi à Yaoundé. Quel intérêt pour le Cameroun d’abriter un événement de cette nature ?

C’est avec une grande fierté que le Cameroun accueille depuis le 24 novembre 2018, la conférence annuelle du Conseil International des Archives « ICA Yaoundé 2018 ». Cette manifestation qui est placée sous le très haut patronage du président de la République est importante à plus d’un titre. Tout d’abord, cette conférence se tient dans notre pays, au moment où la place des archives dans la reconstitution de la mémoire collective prend une place de plus en plus importante. Souvenez-vous que dans son discours d’investiture du 6 novembre dernier, le président de la République a bien indiqué combien il était important de valoriser notre patrimoine culturel. A cet égard, il faut peutêtre préciser qu’il existe un plan de sauvetage des archives, approuvé par le gouvernement conformément aux recommandations du Conseil International des Archives.

Quelle est l’importance des archives pour un pays comme le nôtre ou pour le citoyen ordinaire ?

Quatre idées essentielles permettent de situer l’importance des archives : la vérité, l’objectivité l’unité et l’humilité. Les archives nous renseignent sur la vérité en rapport avec la trajectoire ou le vécu politique, diplomatique, économique, sociologique ou culturel d’un peuple, d’un pays ou d’une nation. Les documents d’archives sont porteurs d’une lecture, dans l’objectivité de la réalité d’évènements, d’institutions ou de faits passés. Ils contribuent à la construction cohérente de la mémoire collective et d’une vision commune et partagée de l’histoire. Cette adhésion aux valeurs communes étant l’un des ferments de l’unité et de l’intégration nationales. Les archives nous enseignent aussi l’humilité face à l’histoire. Elles nous rappellent que nous sommes les héritiers d’une tradition, les continuateurs d’œuvres pensées, engagées par des pionniers ou d’illustres devanciers. Grâce aux vérifications, clarifications et rectifications que permettent les documents d’archives, les mythes, les légendes et les fables peuvent être invalidés ou validés, évincés ou attestés, en tant qu’authentiques phénomènes historiques. Je prendrai trois exemples parmi tant d’autres, pour illustrer l’importance des archives pour un pays comme le nôtre. Premièrement, dans le cadre du différend frontalier terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigeria devant la Cour Internationale de Justice, la stratégie judiciaire camerounaise s’est appuyée de manière très bénéfique sur les archives. En convoquant des documents historiques, le Cameroun a fait triompher la thèse de la « camerounité » de la presqu’île de Bakassi. Deuxièmement, en matière de cadastre national, les titres fonciers sont des documents fondamentaux dont la conservation par les...

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