La relance de la filière tomate en trois solutions

La banqueroute, en 2002, de la Société des conserveries alimentaires du Noun (SCAN) basée à Foumbot, région de l’Ouest, sept ans à peine après le démarrage de ses activités, a allongé la liste des agro-industries qui ont fait faillite ces dernières décennies. A chaque fois, les mêmes causes, mutatis mutandis, ont produit les mêmes effets, confortant le constat que plusieurs grands projets agro-industriels ont difficilement produit les résultats escomptés. En gros, les causes de la contreperformance sont à rechercher dans les erreurs et maladresses commises pendant les études de faisabilité et de conception des projets, des montages techniques approximatifs, la mauvaise gestion, les difficultés d’approvisionnement en matières premières et autres inputs, la faible compétitivité des produits sorties des usines, la non-maîtrise de l’environnement socio-économique et culturel des projets conçus « d’en haut », etc.

Garantir l’approvisionnement en matières premières

S’agissant de l’approvisionnement de l’usine en tomates fraîches de qualité, il faut prendre toutes les dispositions nécessaires pour garantir la livraison au quotidien à l’industrie, dans sa configuration actuelle, de 400 tonnes de fruits sortis des champs. Comment y parvenir ? Question compliquée, car il ressort des témoignages des différents acteurs et des travaux académiques, que les dirigeants de l’usine et les producteurs de tomate étaient en opposition de phase sur les termes du contrat. Sans doute ne s’étaient-ils pas entendus sur le prix de livraison de la matière première à l’usine. Quelle partie n’a pas tenu ses engagements ? Difficile d’y répondre, car pendant que certains responsables de la société de Coopérative des producteurs vivriers et pérennes du Noun accusent les dirigeants de l’entreprise de n’avoir pas pris suffisamment en compte les intérêts des producteurs tels que prévus dans l’étude de base qui avait été faite, les travaux scientifiques pointent plutôt « l’affairisme » des producteurs de tomates dans le contexte de l’époque marqué par la libéralisation des échanges commerciaux. A ce sujet, Jean Noël Ngapgue et Maurice Tsalefac, dans un article bien documenté, relèvent que l’introduction par les dirigeants de la SCAN auprès des paysans des semences de tomate industrielles a entraîné une hausse des rendements et des prix de vente plus rémunérateurs de cette variété à haut rendement sur le marché local, au détriment de la variété dite traditionnelle. Et, du coup, des commerçants de tout bord, attirés par l’appât du gain, sont rentrés en scène et faisaient des yeux doux aux producteurs. « Ils utilisaient tous les moyens (achat bord champ, achat sur la place du marché ou sur commande, etc.) pour obtenir un fruit de qualité et en quantité sollicitée (et) avaient fini par maîtriser les alentours de Foumbot », écrivent-ils. Pour survivre, lit-on des mêmes auteurs, « l’usine n’avait plus d’autre choix que de compter sur les zones éloignées de la localité ». Ils concluent que, « de fait, il s’est instauré une concurrence impitoyable commerçants/SCAN dans la collecte de la tomate. Ces difficultés d’approvisionnement de l’usine en matière première sont allées croissantes d’une année à l’autre ». Conséquence, la livraison de la matière première à la chaîne a souffert d’un manque de maîtrise et l’usine tournait en deçà de ses capacités, faute de quantités suffisantes de tomates fraîches à transformer au quotidien. Dans ces conditions, la SCAN pouvait difficilement dégager des marges de rentabilité intéressantes. S’il faut relancer l’aventure, il faut trouver le moyen de sécuriser l’approvisionnement en toute saison de l’usine en matière première. Sinon, le jeu ne vaut pas la chandelle.

Régler le problème de l’emballage

Pendant les sept années de son fonctionnement, « les dirigeants de l’industrie ont corrigé les erreurs et les maladresses qui ont échappé aux concepteurs à la phase d’élaboration du projet. Malgr...

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