« Paul Biya sait tenir sa position d’inspirateur »

Pr. Mathias Eric Owona Nguini, Politologue, vice-recteur à l’université de Yaoundé I.

Le 39e anniversaire du Renouveau se célèbre cette année autour de centres d’intérêts comme le rayonnement du Cameroun, le vivre ensemble, le développement et la décentralisation. Pensez-vous que ce sont ces valeurs qui définissent le mieux la marche du pays aujourd’hui ?
La marche du Cameroun, sous la conduite du président Paul Biya, est effectivement marquée par une recherche permanente du rayonnement du Cameroun. Une volonté d’assurer le vivre-ensemble dans une société hétérogène et complexe, et un engagement renouvelé d’approfondir le mouvement de décentralisation, tel qu’il a été institué par la réforme constitutionnelle de 1996. Ce sont donc ces valeurs qui orientent bel et bien le cheminement du Renouveau depuis son émergence à la tête du Cameroun.

Quel bilan global pouvez-vous dresser de ces 39 ans de Paul Biya à la magistrature suprême ?
Depuis que le président Paul Biya a accédé à la magistrature suprême, le bilan qu’il présente est relativement confortable. Cela signifie, qu’il a manifestement pu obtenir des avancements sur un certain nombre de terrains. A travers des réformes politiques et institutionnelles, il a construit progressivement mais sûrement la démocratisation ; l’effort de sortir le Cameroun des contraintes de l’ajustement structurel et de relancer son développement. Ceci, grâce une vision de grandeur articulée autour « des Grandes ambitions », « des Grandes réalisations » et « des Grandes opportunités ». Et enfin, à travers sa volonté de maintenir, coûte que coûte l’unité du Cameroun confrontée à de nombreuses forces centrifuges. Cela dit, la tâche est complexe parce qu’il s’agit de conduire le pays sur la route du développement, compte tenu de l’héritage colonial, des difficultés de la marche initiale à l’avènement de l’indépendance. Cette visée d’obtenir le développement du Cameroun n’a pas toujours été aussi simple. D’ailleurs, sur ce terrain, le Cameroun a expérimenté des obstacles importants. Liés à l’ajustement de son système économique conduit sur une vingtaine d’années. Ils ont freiné la visée d’obtenir ce développement. Malgré cela, le Cameroun a disposé au milieu des années 2000, avec l’atteinte du point d’achèvement, de nouvelles possibilités d’engager ce développement. C’est dans ce cadre qu’ont été mis en œuvre les projets structurants qui restent néanmoins à finaliser pour qu’ils aient l’impact attendu sur le développement du pays.

Le Cameroun a entamé depuis un dizaine d’années, un processus de décentralisation, avec, la mise en place de la quasi-totalité des maillons institutionnels de la longue chaine. Comment appréciez-vous la manière dont le processus est mené jusque-là ?
Le processus de décentralisation a d’abord été entamé sur un rythme prudent. Cependant, il y a eu depuis 2019, une volonté de le relancer et de le consolider. Le Code général des collectivités territoriales décentralisées et l’organisation des premières élections régionales s’inscrivent dans ce sens, autant que la dispensation d’un statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il demeure toutefois que le rythme de cette décentralisation reste à accélérer sur le plan des transferts de compétences et de ressources ; dans un contexte où il existe de nombreuses pressions centrifuges, voulant prendre prétexte d’une décentralisation prudente pour confronter le Cameroun à de nouveaux obstacles pesant sur son unité. 

Que reste-t-il à faire pour que les objectifs de développement socio-économiques visés par la décentralisation soient atteints ?
Pour que cette décentralisation soit conduite de manière sagace et perspicace, pour qu’elle soit conforme aux aspirations de nombreuses composantes de la société camerounaise, il est essentiel que l’administration centrale, qui joue un rôle historique dans ce processus de transfert de compétences et de ressources, sache en cerner l’importance. Compte tenu de la complexification de la dynamique sociale, la décentralisation est aujourd’hui, un moyen de rationaliser le développement du Cameroun en le diversifiant. Ainsi, il sera abordé à différents niveaux. Evidemment, au niveau de l’Etat central qui construira les orientations stratégiques, alors que la base, c’est-à-dire, les CTD que sont les communes et les collectivités régionales, se chargeront des opérations concrètes, techniques et logistiques. Il est important que la société, aussi bien la société civile que la société des communautés, comprennent que ce mouvement de décentralisation est à opérer dans la stabilité. Il ne doit, en aucun cas, devenir l’otage de chantages identitaires divers et de volontés de déstabiliser la cohésion nationale. Il est aussi important que de nombreux groupes sociaux et politiques comprennent que cette décentralisation est capitale, si nous voulons à la fois assurer le développement et la sécurité de notre pays. C’est pourquoi, il est vital que ces groupes s’impliquent pour que le Cameroun soit préservé des menaces d’instabilité, telles que les guerres civiles, les revendications identitaires et les mouvements séparatistes armés.

La question du vivre-ensemble reste préoccupante, à cause de la flambée, ces dernières années des discours haineux, en dépit des multiples stratégies déployées par le gouvernement. A votre avis, quelle serait la recette pour vaincre ce fléau social qui menace la paix, l’unité et la cohésion sociale ?
Avec le mouvement de relance de la démocratie pluraliste depuis les années 1990, le Cameroun doit faire face aux contraintes liées au réveil des expressions identitaires. Celles-ci ont profité de l’espace de libertés offert par le pluralisme politique et institutionnel pour faire entendre la voix du pluralisme socia...

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