Du pouvoir de la sanction

Depuis environ quatre ans, dans la mouvance de la compétition entre acteurs politiques rivaux, les discours haineux se développent dans l’espace public et médiatique au Cameroun. Les réseaux sociaux qui en sont devenus les principaux vecteurs donnent plus de résonance aux messages qui stigmatisent et jettent en pâture des individus et des communautés ethniques du seul fait de leurs origines. Plusieurs fois, la cote d’alerte a été atteinte et la sonnette d’alarme tirée. Au point où le chef de l’Etat, Paul Biya, a dû monter au créneau en demandant à la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme d’accentuer les campagnes de sensibilisation pour stopper ce mal tentaculaire. L’enjeu est de taille car laisser prospérer les graines de la division dans un pays comme le Cameroun où cohabitent plus de 250 ethnies, c’est mettre à mal l’unité nationale, le vivre-ensemble et la cohésion sociale. C’est pour cette raison que des équipes de la Commission ont fait le tour des régions l’an dernier. Elles ont rencontré plusieurs acteurs sociaux et organisations professionnelles dans le cadre de la campagne nationale de communication contre le discours de haine et la xénophobie. Bien plus, en dehors des couloirs classiques de communication, une offensive a été lancée dans les réseaux sociaux, canaux privilégiés de diffusion des messages haineux, afin de les contrer.                                                                                                 Mais, visiblement, les officines, les groupes politiques et les individus qui propagent les messages clivants ne sont pas prêts à renoncer à leurs pratiques nocives. Faisant la sourde oreille, ils continuent à répandre leurs venins sur la Toile. Impunément. « Nous avons assisté ces derniers temps à la multiplication de comportements antipatriotiques, à la prolifération de discours haineux… », a constaté le président de la République pour le déplorer, le 31 décembre dernier, dans son message à la Nation. C’est ainsi qu’il a prescrit « au gouvernement d’intensifier la sensibilisation de toutes les couches sociales à un usage citoyen des réseaux sociaux », parce que, tranche-t-il, « nous devons rester un peuple patriote, uni et soudé ».                                                                                                                                    Cependant, au vu de la témérité dont ont fait preuve jusque-ici les instigateurs de la haine qui se recrutent dans tous les camps, il est probable que l’arme de la sensibilisation ne soit pas assez dissuasive pour leur faire entendre raison. D’ailleurs, les chefs de file des différents groupes qui s’affrontent dans les réseaux sociaux sont connus et agissent à visage découvert. Ils invectivent régulièrement leurs adversaires politiques et les traitent de tous les noms d’oiseau dans une rhétorique dont le caractère tribal est effroyable. Ce qui choque le plus les observateurs, c’est que les têtes d’affiche des discours haineux sont souvent des personnalités de haut rang qui savent bien que leurs agissement...

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