Un trésor à préserver

Pays pluriel qui se singularise par son incroyable diversité géographique, climatique, humaine, linguistique et culturelle, le Cameroun célèbre ce 20 mai 2022 une Fête nationale au goût spécial. Car cette année, l’événement revêt un cachet particulier dans la mesure où il coïncide avec le cinquantième anniversaire de l’avènement de l’Etat unitaire. Les festivités organisées à cette occasion, en dépit des contraintes qu’impose le contexte sanitaire toujours marqué par la circulation du nouveau coronavirus, permettent aux observateurs d’admirer à nouveau ce qui n’est pas loin d’être un exemple de coexistence à travers le monde. Car au fond, en dépit de leurs différences, les plus de 250 ethnies (et autant de langues) du Cameroun continuent à vivre ensemble. Quoi qu’on dise, l’essentiel est sauf. Même les soubresauts les plus violents enregistrés jusqu’ici n’ont pas réussi à briser la forte dynamique d’unité pour diviser derechef un pays où la cohabitation entre les communautés est globalement paisible. 
Cette résilience aux aléas et aux vicissitudes d’une histoire mouvementée n’était pas écrite à l’avance. A vrai dire, si les Camerounais restent par-dessus tout unis dans leur diversité, c’est parce que l’élan d’unité qui traverse leur âme a une longue profondeur historique. Comme le souligne l’historien David Mokam dans sa thèse de doctorat /PhD intitulée : « Les associations régionales et le nationalisme camerounais, 1945-1961 », au sortir de la Première guerre mondiale, « l'ancien Cameroun allemand fut partagé entre la France et la Grande-Bretagne sans l'avis de ses habitants. Cette division eut de nombreuses conséquences qui contribuèrent, avec d'autres facteurs, à la revendication de la réunification. De revendications en revendications, le processus fut amorcé. Il aboutit, le 1er octobre 1961, à sa concrétisation avec la naissance de la République fédérale du Cameroun, résultat de l'union entre la République du Cameroun et le Southern Cameroons ». Et l’historien de préciser que « de nombreux acteurs prirent part à l'ensemble du processus, notamment les partis politiques et les associations régionales » qui défendaient, parfois au prix de leur vie les intérêts des populations à la base.
 C’est autour des années 1930 que commence à germer l’idée que le Cameroun retrouve ses limites de 1911. Car la frontière entre le Cameroun sous administration britannique et le Cameroun sous administration française divisait des chefferies, des groupes ethniques et même des familles. Ainsi, comme l'illustre bien l'un des informateurs cités dans la thèse évoquée plus haut, « pour le cas de la frontière dans la région de Dschang, lorsqu'un frère retenu dans la zone britannique par la frontière venait à mourir, il fallait, pour aller au deuil, acquérir un laissez-passer. Pourtant ce n'était qu'à quelques encablures de votre lieu de résidence. Toutes ces formalités constituaient des tracasseries insupportables ». Quand le rêve de se retrouver finit par se réaliser en 1961, les deux territoires jadis séparés sur une portion par le fleuve Moungo se retrouvent dans l’allégresse. Mais, il fallait gérer les cicatrices du passé. Le système fédéral est alors mis en place de 1961 à 1972. Les autorités de l’époque, sous la férule du premier président Ahmadou Ahidjo, estiment qu’il faut passer de la République fédérale à la République unie du Cameroun. Ce qui est fait à l’issue du référendum du 20 mai 1972. En 1984, alors que Paul Biya a succédé deux ans plus tôt à Ahmadou Ahidjo, la République unie du Cameroun est remplacée par la République du Cameroun (loi n°84-1 du 4 février 1984). Le nouveau pouvoir estimant que la bataille du rétablissement de l’intégrité du territoire ayant déjà ét&e...

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