La réalité de nos intérêts

La visite officielle du président de la République française au cours des deux derniers jours, laisse pour le Cameroun un goût de satisfaction particulière. Comment décrire cette impression d’avoir réussi à surmonter un passage à vide, sans avoir eu à trahir ses convictions et sa vision de la diplomatie ? Assurément, les mots ne seront pas assez précis, mais le fait est là : rien ne sera plus comme avant. Mais à la réalité, ce sont la France et le Cameroun ensemble, qui sortent grandis de ce premier séjour à Yaoundé du président Emmanuel Macron. La première, pour avoir eu le courage et l’honnêteté de se réajuster après ce qui est apparu comme une erreur de jugement sur le Cameroun, sur la profondeur de la relation avec ce pays d’Afrique centrale que tout le monde sait incontournable dans la géopolitique et l’économie de la région. 
Le premier mandat de Monsieur Macron à la tête de la France n’a pas été une idylle avec son partenaire historique camerounais, c’est le moins qu’on puisse dire. Que ce second mandat à peine entamé s’ouvre par cette démarche assumée de reconquête et de réchauffement est un signal clair. Après avoir parfois ouvertement snobé le Cameroun, la France d’Emmanuel Macron se souvient de l’importance stratégique de ce pays leader et décide de rectifier le tir. D’autant plus que ses intérêts en ont pris un coup. Emmanuel Macron l’a reconnu mardi au cours de la conférence de presse au Palais de l’Unité. Des déclarations, des morceaux de phrases mis bout à bout résument plutôt bien cette idée : « D’autres pays sont venus proposer (…) Nous avons été moins bons (…) il y a une concurrence accrue (…) qu’on puisse diversifier notre offre et que nous puissions être plus présents… » Ce réajustement, il fallait pouvoir l’opérer avec une telle emphase dans un environnement pollué par des sous-entendus et des malentendus divers. Et pour cela, la démarche de l’administration française est tout aussi méritoire.
Quant au Cameroun de Paul Biya, le voilà conforté dans sa posture : une diplomatie peu ronflante, rompue à la tâche, qui ne perd jamais de vue ses objectifs, et jamais ne se laisse distraire par les effets de mode, les sautes d’humeur, les états d’âme. En cela, le président de la République, dépositaire de la marque de fabrique camerounaise aura été fidèle à son image : une discrétion, un sens de la mesure et une expérience exceptionnelle dans la gestion des affaires publiques et diplomatiques qui s’avèrent là encore d’une redoutable efficacité. Alors que les relations se tiédissaient avec la France, à aucun moment le chef de l’Etat camerounais n’a paru perdre de vue qu’il avait en face un de ses meilleurs partenaires. Jamais il n’a suivi ce mauvais vent qui aurait pu distendre encore davantage la relation. Au contraire, le Cameroun a continué à traiter ce partenaire et ami comme il se doit. Avec respect et considération. Mais, il a su prendre ses dispositions pour continuer à diversifier ses amitiés, se préserver d’une quelconque chasse gardée et avancer résolument dans son développement. 
Le résultat est apparu à Yaoundé au cours de ces deux jours de visite intense. Ce que le Cameroun et la France ont affiché ces 25 et 26 juillet, ce sont assurément des signes d’une nouvelle manière de voir et de conduire leur relation. On note d’emblée un changement de ton. Où l’humilité et le respect réciproques transparaissent comme les clés. Dans la cordialité des échanges, dans les attitudes, dans les mots prononcés en publics, les parties française et camerounaise donnent en effet l’impression d’avoir franchi un cap. Trêve de paternalisme et place à un véritable rapport gagnant-gagnant où chaque partie est consciente de ses atouts autant que de ses besoins. Une relation de franchise, où l’exigence de vérité n’empiète pas sur le devoir pour chaque partie d’écouter, considérer et de respecter le point de vue en face. La crise russo-ukrainienne offre à ce sujet une belle illustration. Et une formidable occasion de mettre à l’épreuve ce nouveau rapport. Alors que la France et l’Europe s’évertuent à isoler la Russie et en cherchant des alliés notamment en Afrique, le Ca...

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