Là où la route casse… le développement fuit

Les habitants de la capitale l’ont constaté depuis quelques semaines : la circulation à Yaoundé est rendue un peu plus pénible ces derniers jours. La faute à une dégradation de la voirie urbaine qui commence réellement à déranger. Visiblement favorisés par les récentes pluies diluviennes d’une saison qui semble s’éterniser, des nids-de-poule se sont créés ou agrandis sous l’effet dévastateur des eaux. Et au fil du temps, ils ont encore gagné en profondeur. La ville est ainsi parsemée de ces trous disgracieux qui réduisent chaque jour le confort des automobilistes jusque sur des axes aussi sensibles que les alentours de la Poste centrale, au centre-ville. Bref, la situation ne manque pas d’attirer l’attention, et tous les regards se tournent instinctivement vers les municipalités dont on voit par ailleurs, le déploiement sur d’autres chantiers. Des travaux jugés moins prioritaires par certains citoyens soucieux de circuler en douceur sur les routes de Yaoundé.
L’idée ici n’est pas d’ouvrir un procès contre les institutions gouvernementales ou municipales en charge des conditions de vie des populations de la ville. Des citoyens en colère le font déjà suffisamment dans les discussions et les coups de gueule au quartier. Certains médias leur ont même emboîté le pas. Mais de toute façon, qu’on prenne la chose avec les nerfs ou qu’on garde son sang-froid, le fait est que les routes, comme toutes les infrastructures de développement ont besoin de maintenance. Ce d’autant plus qu’elles subissent au quotidien les effets de l’usure due à leur utilisation intense et permanente. Mais aussi, les agressions d’utilisateurs particuliers comme les gros porteurs dont on connaît la capacité de nuisance. Question dégâts, il y a aussi les intempéries, et même les conséquences de l’incivisme. Des eaux usées, des ordures, se retrouvent donc souvent sur la chaussée et en abrègent l’espérance de vie. Résultat : des routes datant d’à peine un an, offrent le spectacle d’une dégradation incompréhensible. Des éventuelles malfaçons au moment de la construction ne sont pas en reste.
Question : à qui revient la responsabilité de l’entretien des voiries urbaines ? La première réponse à cette interrogation se trouve évidemment dans tous les textes réglementaires qui encadrent l’entretien routier au Cameroun. Notamment ceux qui adressent spécifiquement la question au sein des villes et communes du pays. Ce qui est sûr, c’est que les attributions sont définies. Et en fonction du type de route, de la localisation, l’Etat a assigné à une ou plusieurs institutions, le devoir de faire en sorte que la route joue son rôle de facilitation des mouvements de personnes et de biens, de fluidification des échanges. 
Ainsi, l’entretien des autoroutes et des routes nationales relève de la compétence de l’administration centrale du ministère des Travaux publics. Et celui des routes régionales incombe aux collectivités territoriales décentralisées que sont les régions, Communautés urbaines et communes, sous l’encadrement ou en relation avec le ministère en charge du développement urbain. Et qu’on se le dise bien, ces routes régionales et communales constituent l’essentiel du réseau routier camerounais. Soit 11,34% pour les routes régionales et 80,87% pour les routes communales. Le calcul rapide indique qu’elles représentent donc pas moins de 92% des routes du Cameroun. Et quand un problème d’entretien s’y pose, il est évident qu’il va toucher une partie importante de la population. C’est le cas avec la situation vécue aujourd’hui par les habitants de Yaoundé. Dans leurs complaintes, les habitants ont parfois l’impression que les responsables de l’entretien de la route ne circulent pas sur les mêmes voiries. Sinon comment expliquer que des nids-de-poule naissent et prennent du volume au vu de tous, jusqu’à former des cratères sans qu’une action rapide ne soit trouvée pour freiner la dégradation. 
Cette impression est peut-être le fruit d’une certaine interprétation des textes. Par exemple, pour ce qui est des voiries urbaines, le cadre juridique fait référence à au moins deux types d’acteurs : le ministère chargé du développement urbain et les collectivités territoriales décentralisées. Et dans le deuxième groupe, il y a comme une dilution des responsabilités entre les Communautés urbaines et les communes d’arrondissement. Les premières sont détentrices de la compétence de « la création, de l’aménagement, l&rsq...

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