Médecine traditionnelle : gare à la tromperie

Il semble loin le temps du désamour entre les guérisseurs et les docteurs en médecine. Aujourd’hui, on entend rarement parler d’aller se soigner à l’indigène. Le vocabulaire est devenu plus convenu. On parle volontiers de médecine traditionnelle, de pharmacopée. Les tradipraticiens, spécialistes de la médecine traditionnelle, sont même régulièrement invités à des symposiums où ils ont toute l’attention des maîtres de la médecine conventionnelle mais aussi l’encadrement des pouvoirs publics. L’efficacité de la médecine traditionnelle, jadis mise entre parenthèses, est désormais vantée, parfois reconnue sous réserve. Au Cameroun comme au niveau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) la médecine traditionnelle est devenue fréquentable. A la différence des médicaments fabriqués dans les laboratoires à la réputation établie, ici, on se soigne sur la base des plantes, des feuilles, des écorces, des racines, voire des graines. Pas besoin d’examens médicaux, ni de leur interprétation comme préalable à toute prise en charge. Dans cet univers, le guérisseur est souvent le relais vivant d’une longue lignée de praticiens. Dans ce labyrinthe, on se transmet les recettes miracles de génération en génération sans forcément passer par une soutenance devant un jury. Il est donc admis que l’abondante biodiversité de plantes et d’herbes médicinales joue un rôle indéniable dans l’amélioration de la santé des populations. La crise sanitaire a par exemple permis de voir la montée en puissance de la médecine traditionnelle au Cameroun. Il ne serait pas exagéré de soutenir que si la pandémie a pu être bien combattue, c’est aussi grâce à l’apport de la médecine traditionnelle. 
Les bienfaits du traitement à base de remèdes traditionnels sont nombreux Mais la vulgarisation de la médecine traditionnelle ne se fait pas toujours sans débordements. On le sait, un homme malade est diminué, souvent désespéré. Une longue maladie peut vous mettre à la merci des charlatans. Et c’est ce qu’on observe malheureusement chaque jour un peu plus. Sur la base de la réputation établie de certaines décoctions, des délégués médicaux d’un autre genre écument les gares routières, les agences de voyage et parfois le train pour vendre le remède miracle. Maux de ventre, maladies vénériennes, antidote contre divers poisons, impuissance sexuelle hypertension, mal de rein, stérilité….participent des pathologies usuelles. Des remèdes sont également proposés en quasi procédure d’urgence à une clientèle curieusement séduite. Sans parfois se préoccuper des conditions de fabrication ou de conservation de ces médicaments, les populations se les arrachent sans la moindre retenue. Evidemment, ces transactions se font sans garantie aucune. Et c’est ce qui intrigue.
Sommes-nous en face de véritables guérisseurs ou alors sous l’emprise de simples vendeurs d’illusions ? Force est de constater qu’avec le succès de ces dernières années, le business des remèdes traditionnels semble prendre le dessus sur les considérations déontologiques. Il n’est donc plus surprenant de retrouver des cabinets de naturopathes, véritables cavernes d’Ali Baba, faisant la publicité de tel ou tel médicament, et ceci, sans garantie du contrôle qualité. Le patient, dans son imprudence pour ne pas parler de parfaite inconscience, encourage ainsi la distribution de ces produits rarement soumis à l’homologation des services compétents. Il est vrai que contrairement à la médecine moderne, la manipulation à l’aveuglette de ces décoctions et autres potions ne garantit pas toujours la conservation du principe actif.
Par ailleurs, on observe que dans l’optique d’accroître les parts de marché, les promoteurs de médicaments traditionnels investissent désormais les médias. Ainsi sur diverses platef...

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