« La Russie est un marché non négligeable pour notre production »

Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce, membre de la délégation officielle du chef de l’Etat au 2e Sommet Russie - Afrique.

Au moment où vient de se tenir le 2e Sommet Russie – Afrique, quel est l’état des échanges commerciaux du Cameroun avec ce pays ?
La Fédération de Russie représente 6 à 7% des parts de marché avec le Cameroun, pour un volume en termes d’exportations assez faible : autour de 96 milliards de F. Ce n’est pas beaucoup et la situation ne s’est pas améliorée au cours des deux dernières années. Les échanges étant rendus difficiles pour des questions de paiement notamment. La situation s’est plutôt dégradée depuis le déclenchement de la guerre avec l’Ukraine au mois de février 2022. J’allais dire fort heureusement quelque part, plus au détriment de la Russie que du Cameroun, puisqu’au cours des deux dernières années, nous avons amélioré nos exportations. Elles ont été multipliées par 16, alors que les importations en provenance de la Russie ont régressé. Mais somme toute, le niveau reste faible et peu diversifié. De manière globale, la Russie est un client potentiellement important du fait de sa population de 146 millions d’habitants. C’est un marché non négligeable pour  notre production. Il faut retenir aussi que la Russie est un gros importateur  de produits agroalimentaires, notamment les fruits, les légumes, etc. En termes de perspectives, c’est un pays important : en produisant plus, nous pouvons effectivement y vendre beaucoup de nos produits, notamment ceux issus de l’agriculture. D’ailleurs, la présence du chef de l’Etat au 2e Sommet Russie – Afrique n’est pas un fait du hasard. 
D’un point de vue économique, c’est un signal fort pour le développement de nos échanges commerciaux avec ce potentiel que nous avons et les besoins spécifiques du marché russe, notamment des produits issus de l’agriculture. Au-delà, le Cameroun importe essentiellement de la Russie des céréales, en particulier le blé. Cette denrée représente 90% des exportations de la Russie vers l’Afrique. Au-delà du blé, ce sont des produits énergétiques, la Russie étant le deuxième producteur mondial de pétrole et de gaz. Donc, les produits pétroliers font aussi partie de nos importations en provenance de la Russie, ainsi que les engrais. Les engrais constituent un point important dans le cadre de la nouvelle politique mise en œuvre par  le chef de l’Etat sur l’agriculture de deuxième génération qui ne pourra se faire que si nous pouvons acquérir des engrais de qualité  à des prix compétitifs. Tout cela pour dire que la Russie est un partenaire potentiel important pour nous, même si à l’heure actuelle le volume de nos échanges est faible.

Comment le Cameroun peut-il procéder pour étendre ses positions en Russie et augmenter le volume de ses exportations ?
En matière de commerce, le seul secret réside dans l’offre : une offre abondante, de qualité et compétitive. Notre premier combat est lié à l’accroissement de notre production qui doit être également suivie de notre capacité à transformer localement cette production, en vue de lui donner de la valeur ajoutée. Si je prends le cas du cacao, nous exportons des fèves. Et pendant le Sommet, on a vu beaucoup de tablettes de chocolat sur les tables. Ça veut dire que nous  envoyons la matière première et la plus-value est réalisée ici en Russie, alors que ça devrait être l’inverse. Il faut que nous soyons à même de pouvoir transformer notre cacao : les Russes  consomment beaucoup de chocolat. Il nous faut produire du chocolat et l’exporter en produit fini vers la Russie. Ceci  est aussi valable pour le café. J’ai eu à conduire ici en 2016, des Journées économiques et commerciales camerounaises où il était question de faire de la Russie un hub pour l’ensemble de la sous-région en matière de café du Cameroun. Nous souhaitions faire vraiment de la Russie le comptoir du café du Cameroun. Ce projet n’a pas pu se réaliser à ce jour du fait de la chute drastique de notre production de café. Donc, il nous faut accroître de manière sérieuse la production pour pouvoir  espérer tirer avantage de ce marché qui est un marché où la consommation se développe de manière constante et croissante.

Avez-vous déjà pensé à des facilités ou des mécanismes particuliers pour booster les échanges entre nos deux pays ?
Disons qu’en termes de relations commerciales bilatérales, nous avons un accord de coopération qui date des années 60. Evidemment, il est aujourd’hui dépassé par l’évolution même des relations commerciales mondiales. Mais, de façon globale, nos relations sont régies par les règles de l’OMC (Organisation mondiale du Commerce). La Fédération de Russie est membre de l’OMC comme le Cameroun est membre fondateur de cette organisation. Le régime de l’OMC c’est la liberté des échanges, donc il n’y a pas d’entraves particulières aux échanges commerciaux entre la Russie et le Cameroun. La seule condition, c’est simplement que nous ayons des choses à vendre, en dehors du bois. Nous vendons du bois, des huiles de pétrole aussi. Si nous achetons des produits raffinés, nous vendons des huiles brutes de pétrole à la Russie, mais en quantité limitée. Donc, la vraie question ce n’est pas tant le cadre juridique qui régit les relations commerciales entre les deux pays, puisque nous sommes sous l’égide de règles communes aujourd’hui transnationales qui sont des règles de l’OMC. 
Le problème, c’est notre capacité à offrir, à p...

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