« Les grands artistes ont des exigences financières, techniques et logistiques »

Guy Marc Tony Mefe, promoteur culturel.

Le Cameroun a été la scène de grandes rencontres culturelles et un carrefour de spectacles pendant plusieurs années. Comment comprendre le déclin du marché du spectacle observé depuis bientôt 20 ans ?
L’organisation de grands évènements nécessite des moyens conséquents. Entre 1999 et 2002, certains promoteurs culturels ont bénéficié du soutien de certains organismes de la coopération culturelle bilatérale et multilatérale, comme le Programme Afrique en création (France), l’ambassade de France au Cameroun, l’Organisation internationale de la Francophonie, mais aussi de sponsors comme le PMUC, Coca Cola, Nestlé, etc. Il y avait une volonté de toutes ces institutions de soutenir des projets structurants capables de produire des effets multiplicateurs sur le secteur musical camerounais. Aujourd’hui, les organismes de la coopération n’ont plus les mêmes budgets et les grandes entreprises qui ont inscrit le spectacle dans leurs stratégies marketing préfèrent des opérations ponctuelles en direction de leurs cibles. La conséquence est là. Malgré le dynamisme et la passion de quelques opérateurs culturels, nous avons de petits évènements qui ont la taille des budgets. A côté, avec des budgets beaucoup plus importants que ceux des évènements comme les Rencontres musicales de Yaoundé (REMY), le Festival Jazz sous les manguiers et le Massao (Festival des voix de femmes de Douala), le public a droit, deux ou trois fois par an, à des concerts avec des têtes d’affiche internationale.

La scène camerounaise semble ne plus faire courir des artistes de renommée internationale. Où sont passés les grands promoteurs de spectacle ?
Les grands artistes ont des exigences financières, techniques et logistiques, qui nécessitent des moyens. Les grandes entreprises qui ont les moyens de satisfaire à ces exigences les font venir au Cameroun. Aujourd’hui, les grands promoteurs c’est Orange, MTN, Camtel, 1 XBET, bref les grandes entreprises.

Autre phénomène observé, la délocalisation des show des grands espaces publics vers des espaces privés sous forme de showcase. Option plus durable ou simple question de réalisme ?
Il n’y a pas de salle de spectacle au Cameroun. Entre les stades et les cabarets, il y avait les salles de cinéma comme l’Abbia, le Capitole ou le Wouri à Douala. Aujourd’hui, toutes ont fermé. Louer la salle et les équipements sons et lumière pour des lieux comme le Palais polyvalent des sports le Palais des congrès, nécessite des moyens financiers importants. Par ailleurs, la filière musicale camerounaise s’est enrichie de nouveaux acteurs qui déconstruisent les normes. Un play-back en boîte de nuit est devenu un showcase. Une incongruité ! Des artistes qui font des tournées avec une seule chanson dans leurs répertoires. Sur une scène professionnelle, un artiste doit avoir un spectacle d’au moins 40 minutes. La faible pr...

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