Théâtre : « Manoka express », des planches aux pages

Avant tout, il est question de l’histoire coloniale du Cameroun dans la pièce de théâtre « Manoka express » écrite par Martin Ambara. Une œuvre, fruit de la collaboration entre Othni laboratoire de théâtre, et le théâtre Krefeld en Allemagne. Pays qui a accueilli les premières représentations de cette création en 2023 puis en 2024. En mai dernier, à travers une double série de trois représentations, le partenaire camerounais a permis au public local de le découvrir. Six mois plus tard, « Manoka express » est désormais disponible dans les librairies. En l’occurrence dans les étagères de l’éditeur Ifrikiya et à Othni laboratoire de théâtre. Il s’agit d’un livre bilingue en français et en allemand qui a bravé les étapes de la traduction et des corrections successives en adéquation avec les particularités linguistiques de chaque pays. CT a questionné l’auteur Martin Ambara sur les aspects touchant à la fois au fond et à la forme.  

 

Sur l’affiche de la pièce « Manoka Express », il y a cette vieille bâtisse coloniale. Quelle est l'histoire autour de cette infrastructure ?
La bâtisse coloniale est assez importante dans la mesure où ce sont les Allemands qui l’ont construit, je crois, quelque temps avant la Première Guerre mondiale. C'est eux les premiers occupants de l'île de Mulendè, son nom originel. Elle va servir de tour de guet, justement, pour voir les Anglais qui venaient en face. Et après la Deuxième Guerre mondiale, quand ils vont être défaits, ils vont l’abandonner et elle va devenir la propriété des Anglais et des Français. Et pendant la guerre des indépendances, les nationalistes camerounais capturés y étaient emprisonnés. Dans la nuit, on les emballait dans des sacs pour aller les jeter dans la mer. Pour moi, cette bâtisse est tellement chargée d'histoires sur le plan de la plasticité. Dans un autre aspect, l’île elle-même, qui s'appelait Mulendè avant, va s'appeler Manoka parce qu'une nonne allemande va y mourir de paludisme. Elle se prénommait Monika. Et les gens de l'île, les personnes âgées ne savaient pas prononcer Monika et ont inversé en Manoka. Et Manoka, de fil en aiguille, est resté. C'est assez intéressant de voir comment la colonisation a implémenté sa réalité sur les réalités locales. Et pour moi, c'était important de marquer symboliquement la place de cette bâtisse sur la première de couverture du livre.


Au-delà de la forte présence de la ritualité africaine et de l’absence des codes du théâtre classique, « Manoka express » est-il un exutoire ?  
La pièce est écrite sur la structure du rituel du ngondo (de la communauté Sawa). La scène est divisée en cinq cérémonies, des cérémonies d'expiation du passé. Ce qui permet à la petite fille, protagoniste principal, de faire un voyage initiatique et en même temps traumatique, pour se purger et expurger les blessures du passé. Donc, on reste vraiment dans la trame de la blessure coloniale. Je prends le prétexte de donner un coup de pied au paradigme de théâtre selon le modèle occidental, pour essayer de rentrer dans quelque chose qui nous est personnel. En effet, je réponds par l’affirmative. Il est quand même &e...

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