Etablissements privés : publicité et mensonges

Des écoles maternelles et primaires, ainsi que des collèges promettant cadres luxueux et méthodes d’enseignement novatrices se multiplient en cette veille de rentrée scolaire.

Là où on se marche sur les pieds avec des effectifs de 60 à 80 élèves, certains proposent des classes de 20. Un élève par « table-banc ». En lieu et place de ce dernier équipement, une installation moderne et ergonomique assurant confort et envie d’étudier aux apprenants. Et aussi une salle informatique équipée des dernières technologies, un gymnase, une piscine et des installations pour la pratique de diverses disciplines sportives, une cantine servant des repas équilibrés à moindre coût. Question de capter l’attention et de pousser les familles à porter leur choix sur eux, de nombreux établissements scolaires se livrent à de la publicité sur les réseaux sociaux.

Dans les rues, les banderoles ne cessent de fleurir. Les promoteurs ont même recours au porte-à-porte dans les quartiers. Dans cette mouvance, certaines écoles annoncent dans leurs prospectus un suivi de proximité et le soutien scolaire, en cas de nécessité, de manière à relever le niveau de tout élève en difficulté avec l’acquisition des connaissances. Ailleurs, les activités périscolaires sont en bonne place : cours de musique, de cuisine, etc. L’ensemble pour des sommes non négligeables. D’un endroit à un autre, la scolarité varie entre 350 000 F et un million de francs, selon que l’élève est à l’école maternelle, au primaire ou au secondaire.

Alors même que les compétences scolaires sont acquises en routine par la plupart des élèves, certains établissements scolaires privés surfant sur la vague des besoins spéciaux multiplient des offres inédites. Se voulant visionnaires, les responsables des écoles s’adonnant à cette pratique assurent permettre à leurs élèves de prendre de l’avance sur leurs camarades. Ce siècle étant à grande vitesse et au regard de l’équation formation-emploi qui se complexifie, année après année, il est question de transmettre aux élèves des compétences qui peuvent les aider à s’en sortir ou retomber toujours sur leurs pieds. Raisonnement bien pensé. Seulement, la mise en musique reste discutable. C’est qu’entre les publicités des offres et la réalité dans les établissements, il y a souvent un fossé.

En effet, là où des images montrent des cours spacieuses, des salles de classes vastes et un parc d’ordinateurs de qualité, l’on se retrouve parfois dans des maisons d’habitation ne payant pas de mine ou un chantier. Pour appâter davantage les parents d’élèves soucieux des performances de leur progéniture, certains établissements n’hésitent pas à mettre en valeur le taux de réussite aux différents examens scolaires, qui généralement oscille entre 95% et 100%. Pourtant, ces données ne sont pas souvent significatives : une école qui fait 100% au Certificat d’études primaires (Cep) avec 10 candidats n’a pas de résultats véritablement représentatifs.

Au-delà des locaux inappropriés, les parents devraient être par ailleurs regardants sur les compétences du corps enseignant et des autres ressources humaines. Payant très mal son personnel, le secteur éducatif privé a régulièrement recours à des ressources ne disposant pas des compétences pédagogiques nécessaires. Etre détenteur d’un Bepc, un Cap, un Probatoire ou un Baccalauréat ne prédispose pas forcément à l’enseignement et ne confère surtout pas les qualifications nécessaires pour dispenser des connaissances à des élèves du primaire ou du premier cycle du secondaire. La prolifération d’aventuriers et autres débrouillards dans ce secteur aussi sensible met en danger les jeunes esprits, relativement à la maîtrise des fondamentaux. Un adage populaire dit qu’on ne peut donner que ce que l’on a.

Sous cet angle, un diplômé de niveau Bepc n’ayant pas ma...

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie