«La lutte continue »

Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’Energie.

Le trafic de carburant est un phénomène grandissant ces derniers jours dans la ville de Yaoundé. Avez-vous pu identifier les filières de cette activité ?
Permettez, qu’avant de répondre à votre préoccupation, je remercie votre organe de presse qui n’a de cesse à venir à la source pour la collecte de la bonne information. Cette démarche me donne l’opportunité d’apporter un peu plus de lumière sur les activités menées au sein de mon département ministériel. S’agissant à présent de votre question, je me dois d’emblée de porter à votre connaissance que l’environnement de la fraude pétrolière au Cameroun est bien circonscrit aujourd’hui. Et c’est sur cette base que la lutte continue à être organisée. De façon globale, les cas de fraude ci-après ont été parfaitement diagnostiqués et identifiés par le ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee). Il s’agit sans être exhaustif : des cas de carburants de contrebande dans les zones frontalières ou des zones très éloignées des stations-service existantes ; des cas des centres de brassage de carburants installés dans des baraquements jouxtant les dépôts SCDP de Douala et Yaoundé ; des cas d’approvisionnement en haute mer à partir des bateaux de pêche ; des cas de soustraction des produits pétroliers à partir des wagons et camions citernes par détérioration des scellés apposés sur les vannes ; des soutes illégalement implantées dans les agences de voyage et les domiciles privés dans des coins et recoins des quartiers. Pour identifier les trafiquants qui opèrent dans ce secteur, les inspecteurs assermentés de contrôle des produits pétroliersde et mon département ministériel travaillent en collaboration avec des informateurs de la société civile, les Forces de défense et de sécurité et les agents des services déconcentrés du Minee. Il convient de préciser que face à cette situation regrettable, l’Etat n’est pas resté les bras croisés. Les actions menées jusqu’à date sont diverses et comprennent entre autres: la création d’un Comité de coordination de lutte contre la fraude des produits pétroliers, par le décret 2002/2044/PM du 20 novembre 2002 modifié et complété par le décret n° 2009/1593/PM du 22 juillet 2009. Les activités de ce comité se poursuivent jusqu’à ce jour. L’élaboration d’un texte fixant les conditions de désignation des inspecteurs de contrôle des produits pétroliers, suivie de la  désignation effective et de la prestation de serment des inspecteurs préalablement désignés.  L’organisation des campagnes de sensibilisation des populations ; l’organisation des campagnes de démantèlement des soutes illégalement implantées dans certaines agences de voyage notamment à Douala et à Yaoundé avec un résultat positif mais avec cependant des cas de récidive ou de soutes déplacées dans des coins et recoins des quartiers ; un plan de communication  sur le démantèlement des points de stockage et de distribution illégalement implantés sur l’ensemble du territoire ; Etc. Ce dispositif institutionnel, combiné aux actions de terrain nous a amenés à attaquer le problème de front et depuis que le gouvernement a pris le phénomène à bras le corps, je puis vous garantir que les résultats sont probants. 
Plusieurs entités sont impliquées dans la circulation et l’acheminement des camions citernes des sites d’approvisionnement aux stations-service. Quelle approche avez-vous auprès de vos partenaires pour vous assurer qu’à toutes les étapes, la réglementation soit respectée ?
Pour répondre à votre interrogation, je vais faire un saut en arrière pour dire qu’une étude menée au début des années 2000 par le Groupement de professionnels du pétrole (GPP) avait relevé qu’une bonne partie des carburants mis à la consommation dans les points de distribution (stations-service et points privés de distribution) étaient, soient frelatés (introduction du pétrole) soient détournés. Dans le second cas, on retrouvait du carburant militaire ou celui destiné aux exportations ou aux soutes maritimes dans les points de distribution locale. Ces phénomènes avaient pour conséquence la détérioration des moteurs et des manques à gagner pour l’Etat, estimés à environ 32 milliards par an. Ainsi, pour assurer la traçabilité des produits pétroliers de la sortie des dépôts Scdp et/ou de la raffinerie (Sonara) vers les points de distribution, il a été institué par décret n° 2010/3032/PM du 08 novembre 2010 du Premier ministre, chef du gouvernement le Programme de marquage chimique qui a permis non seulement de contrôler la qualité des produits pétroliers mis à la consommation, donc d’éradiquer le phénomène de frelatage, mais également de lutter contre les détournements d’itinéraires afin d’éviter que les produits défiscalisés qui sont ceux destinés à l’exportation ou aux Forces de défense et de sécurité ne se retrouvent dans le circui...

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