BIP : on peut briser le signe indien

C’est à croire que les maladies dont souffre l’exécution du Budget d’investissement public (BIP) au Cameroun sont incurables. Récemment encore, les manquements maintes fois décriés ont à nouveau été évoqués. C’était le 9 juin 2022 à Yaoundé, lors des travaux de la deuxième session, pour le compte de l’exercice 2021, du Comité national de suivi de l’exécution physico-financière de l’investissement public. L’objectif étant l’évaluation de ce qui a effectivement été réalisé au 31 décembre 2021. La rencontre elle-même, en ne se tenant pas à la date prévue par les textes, a accusé « un grand retard », symptomatique. Le bilan présenté à cette occasion a révélé que la situation de l’exécution physique (74,99% contre 92,36% l’année d’avant) et financière des projets affiche, à fin décembre 2021, des statistiques en baisse par rapport à la même période en 2020. C’est notamment le cas au niveau de l’engagement (baisse de 14, 28 points) ; de la liquidation (diminution de 14,36 points) ; de l’ordonnancement (baisse de 14,49 points) et du taux d’exécution physique des projets (recul de 17,37 points) sur le terrain. En cause, des difficultés qui ne surprennent guère dans la mise en œuvre des Projets d’investissement public (PIP) dans notre pays.                                                                                                                        La contractualisation des projets est minée par une appropriation insuffisante des procédures en la matière ; le non-respect des plans de passation des marchés ; le faible engouement de certains prestataires à soumissionner à la commande publique dans les régions en proie à la crise sécuritaire ; la maturation insuffisante de certains projets. L’exécution physico-financière des projets a quant à elle été entravée par des lenteurs ayant freiné la réalisation de certains projets à financement conjoint en raison du retard dans le paiement des fonds de contrepartie (FCP) ; l’abandon de certains chantiers à cause du non-paiement des décomptes et des capacités insuffisantes des co-contractants de l’administration ; la faible appropriation des procédures d’exécution des FCP et des subventions d’investissement ; la crise sécuritaire dans certaines régions. Le mécanisme de suivi de l’exécution des projets n’a pas été épargné, puisqu’il a été confronté à la transmission irrégulière des rapports trimestriels sur l’exécution des subventions en investissement ; la remontée insuffisante de l’information sur l’exécution des ressources transférées aux communes et régions ; la tenue irrégulière des sessions des cadres de concertation dans certaines administrations et régions.                                                               A vrai dire, c’est la même rengaine, en dépit des thérapies et de quelques années marquées par une embellie qui n’ont cependant pas encore réussi à changer sur la durée la physionomie de l’exécution du BIP du Cameroun. Le mal est si profond que le président de la République l’a plusieurs fois relevé pour le déplorer. Dans sa communication spéciale, lors du Conseil des ministres du 15 octobre 2015, Paul Biya demandait au gouvernement de faire des efforts « pour accélérer la maturation des projets et éliminer les situations de blocage dont on ne perçoit pas toujours les raisons ». Le chef de l’Etat instruisait également « de régler ce problème de la sous-consommation des crédits qui pénalise notre redressement ».                                                   Les conséquences de la sous-consommation des fonds publics destinés à la réalisation des projets d’intérêt commun ne sont plus à démontrer, tant au niveau de la croissance économique, de la lutte contre la pauvreté que des conditions de vie des populations. Car c’est à travers la bonne exécution des projets d’infrastructures et d’équipements sociaux collectifs inscrits chaque année dans le BIP que le Cameroun va se moderniser et se développer. A l’ère de la décentralisation, cette vérité s’affirme davantage avec force. Elle doit même être assénée chaque jour si c’est le prix à payer pour que la donne change définitivement. Faut-il rappeler que dans nos villes et villages, les besoins pressants sont énormes en termes de routes, d’écoles, de centres de santé, d’électricité, d’adductions d’eau potable. Combien de milliers de forages faut-il dans les dix régions pour étancher la soif des populations et les mettre à l’abri des maladies hydriques ? Est-il normal que les autres besoins cités plus haut ne soient pas satisfaits alors même que les fonds nécessaires existent quelque part dans les coffres du Trésor public ? Devrait-on encore parler en 2022 au Cameroun de « chantiers abandonnés » par des prestataires n’ayant ni la capacité financière, ni les ressources humaines de qualité ? La réponse à ces interrogations est non. Mille fois non ! Bien plus, il faudrait expliquer aux populations comment les prestataires incompétents procèdent pour être sélectionnés. En réalité, te...

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