Cinéma camerounais: Entre résilience et grandes ambitions

Cinéma le Paradis, le Berlyse, le Wouri, Rex, le Mfoundi, le Concorde, Omnisport, Grand Canyon, le Capitole, le Ndé, le Parlement, Abbia, le Normandie. Il fut un temps où le Cameroun a compté plus d’une cinquantaine de salles de cinéma. Au milieu des années 80, des chiffres excédant 70 sont même avancés par certains chercheurs. En 1995, il n’en restait plus qu’une dizaine, trois en 2005 et zéro en 2010. Parler de cinéma dans notre pays est un peu similaire à l’histoire des grands empires ouestafricains avec des apogées suivies de déclins. Il y a eu de l’enthousiasme après les indépendances. Notamment après la sortie de «Aventure en France », le court métrage documentaire de 26 minutes réalisé en 1962 par JeanClaude Ngassa. L’Etat mettra même en place le Fonds de développement de l’industrie cinématographique en 1973. Des efforts couronnés avec « Muna Muto » de Jean-Pierre Dikongue Pipa sorti en 1976. Le film remporte l’Etalon de Yennenga au Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou la même année. Puis vint la crise économique, la dévaluation du Franc CFA, la fermeture progressive des salles de cinéma devenues vétustes, le développement de la télévision, la prolifération du câble et des cinéclubs ou encore de la téléphonie mobile.

Le passage de l’analogie au numé- rique va progressivement changer la donne. Le cinéma camerounais est passé d’une volonté de créer ou d’exister à celle de soigner sa manière de faire. Se former afin que les créations des réalisateurs qualifiés camerounais ne se limitent plus à un espace communautaire à Yaoundé, à Bafoussam, à Limbe ou à Maroua. L’idée étant de positionner le film local dans une posture de conquête du monde. Année après année, de nouvelles classes de cinéastes voient le jour. Ces derniers sont parvenus à tirer profit des avantages qu’offrent les avancées technologiques dans le domaine et des nouveaux modes de consommation des produits audiovisuels par le public. Ces 10...