Editorial : des défis, et encore des défis

Il y a des années, comme celle qui s’achève, que l’on a hâte de voir rangées et cadenassées, aux oubliettes. Non pas qu’elles furent ennuyeuses et improductives, mais qu’elles nous auront fait humer de très près, le souffle de l’abîme. De fait, les prédictions que nous avions osées sur cette année 2025 avaient subodoré un danger : que le Cameroun exposé à toute la violence de l’envie du pouvoir en cette année électorale, soit l’objet d’une espèce « d’OPA hostile », une tentative de déstabilisation…
Au lendemain de l’élection présidentielle du 12 octobre, force est de constater que ces craintes étaient justifiées, n’eût été la ferme assise au gouvernail du chef de l’Etat, alliée à la volonté des Camerounais de préserver l’essentiel : l’âme de la nation, l’unité, la paix, le vivre-ensemble. Mais restons sur nos gardes ! Les cendres de cette aventure ambigüe sont encore tièdes, et les architectes du chaos, dont l’échec est patent, sont comme le phœnix, l’oiseau mythique… Ils meurent dans un feu intense, mais ils peuvent renaître à la vie, de leurs cendres mêmes.
Pour l’heure, ils répandent la haine et le poison dans les réseaux sociaux, en essayant de formater l’inconscient collectif à la haine interethnique. Et comme toujours, l’unique rempart face au mal absolu qui consiste à saborder son propre pays, c’est l’unité et la cohésion nationale, le respect de l’état de droit, la prospérité partagée. Lorsque les populations se savent pupilles de la nation à égalité de chances, elles sont imperméables à la manipulation.
Néanmoins, on peut dans une esquisse de bilan rapide, juger 2025 comme une année dense. Avec un cycle électoral mené à son terme, et comportant une élection présidentielle suivie de régionales. Sans oublier la fin de mandat fort honorable de Philemon Yang à la tête de l’Assemblée générale des Nations unies ; mais aussi l’extension et la modernisation du Port autonome de Douala, la reconstruction du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le boom de l’économie cacaoyère, tout au moins sur les neuf premiers mois de l’année. Dans un environnement international crisogène et délétère, le Cameroun a fait montre de résilience et d’une exceptionnelle résistance face aux soubresauts du marché et à l’érosion des financements ; face aux tentatives de déstabilisation, et à la guerre d’un nouveau genre qui lui était déclarée par médias hexagonaux et camerounais interposés, appuyés par des lobbys. En effet, ce ne furent ni les tanks ni les chars qui ont été déployés dans notre territoire en 2025, mais une guerre informationnelle sophistiquée, recourant largement à l’intelligence artificielle et aux artifices technologiques les plus usités. Cette campagne violente et inédite avait pour stratégie centrale la désinformation à grande échelle, et son objectif était clair : démontrer la faiblesse supposée du leader camerounais et sa prétendue absence d’emprise sur l’appareil d’Etat, dans l’espoir de susciter des révoltes, de créer la confusion électorale, ouvrant la voie à une insurrection, voire à un braquage du pouvoir…
Et maintenant ? Il faudrait tirer les leçons de cet épisode macabre et constituer des garde-fous ou mieux encore adopter une approche préventive. Il va sans dire que la résilience à toute épreuve devra encore constituer le leitmotiv de l’année 2026, année de défis par excellence. En dépit du cycle électoral qui se poursuit avec les élections législatives et municipales, la passion cristallisée autour de ces échéances électorales ne devra pas occulter l’avènement du nouveau mandat présidentiel, perçu par le chef de l’Etat lui-même comme une rupture. Un nouveau septennat, dont la fonction est double : d’une part prendre en compte les espoirs et les attentes des Camerounais, en matérialisant très concrètement la grandeur et l’espérance ; d’autre part, assurer la solidité du Navire Cameroun au milieu de la tempête mondiale qui fait rage au point de désagréger les pays les moins préparés à la nouvelle donne, ou de les réduire à l’état de faire-valoir, voire de simples comptoirs commerciaux… Une double mission épique, historique, qui ne pourrait être envisagée que dans l’union sacrée et un climat socio-politique apaisé. C’est le sens de la main tendue du chef de l’Etat à la classe politique et aux enfants perdus de la République, dès le 6 novembre, jour de sa prestation de serment. Pour rassembler, guérir et réconcilier, Paul Biya a besoin de l’adhésion et de la bienveillance de tous. Son appel à l’union, il est vrai, cible en priorité les politiciens, les leaders d’opinion, et une certaine frange de la population qui a choisi la stratégie de la terre brûlée au lendemain de la présidentielle, mus par le ressentiment. Tous doivent revenir à la raison et continuer le combat politique dans les formes prévues par la loi. Tous doivent amorcer un dialogue constructif avec le gouvernement dans l’objectif d’obtenir la révision de certaines dispositions légales particulièrement qu...

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