« C’est l’occasion de se projeter, de s’auto-évaluer »

Pr. Manassé Aboya Endong, politologue, Directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (GREPDA)

2021, comme les quelques autres années à venir n’est pas une année électorale au Cameroun. Dans ce cas, à quoi peuvent logiquement s’occuper les partis politiques ? 
Le moins que l’on puisse dire est que si la conquête ou la conservation du pouvoir sont les objectifs principaux des partis politiques et leurs raisons d’être, il reste constant que les formations politiques remplissent alternativement et/ou cumulativement des fonctions latentes et des fonctions manifestes. Vu sous ce rapport, au-delà de la fonction de mobilisation politique, en plus de la fonction tribunitienne qui leur permet de mobiliser, de ratisser large et d’animer la vie sociale, les partis politiques ont surtout une fonction de socialisation politique qui contribue à légitimer leur existence.  L’absence d’échéance électorale ne doit pas servir de prétexte aux formations politiques pour entrer en hibernation, et entretenir la saisonnalité de l’animation politique qui leur a toujours été préjudiciable dans la construction d’une visibilité politique durable. Elle ne doit pas être une opportunité de mise en exergue d’une conception léthargique de la périodicité politique sans jeu de conquête de pouvoir. C’est l’occasion de se projeter, de s’auto-évaluer, de penser une stratégie de conservation durable du pouvoir pour les uns, et une contre-stratégie de conquête du pouvoir pour les autres partis politiques. Les périodes sans jeu ou hors du jeu (de pouvoir) ne signifient pas « temps morts ». Elles sont des moments d’intense redéploiement et de tractations de coulisses ou de négociation d’alliances politiques et de plateformes de gouvernement pour les formations politiques qui savent « jouer » sans compétition politique, c’est-à-dire en dehors du jeu de pouvoir. C’est précisément dans ces contextes que se préparent les victoires, comme se programment les échecs à venir et que l’on démontre qu’on peut aussi mobiliser en dehors du calendrier électoral. Ce qui est en jeu dans ces moments critiques, c’est la démonstration de la capacité à exister en dehors des échéances électorales. 
S’agissant des partis politiques qui ont remporté des sièges tant au Parlement que dans les CTD, quelles peuvent être leurs priorités sur le terrain politique en cette période ?
L’activité de ces partis politiques va consister prioritairement à faire des va-et-vient entre le terrain et les différents lieux d’exercice de leurs activités électives. Avec la base, il s’agit d’éviter d’être saisonnier ; il s’agit alors d’assurer la permanence avec le terrain et de garder le contact avec les électeurs qui ont porté leurs choix respectifs sur les candidats de ces différents partis politiques. Il s’agit également de multiplier des contacts sur le terrain pour asseoir des stratégies de conquête de nouveaux espaces de séduction. Ceci permet à moyen ou long terme, de recruter de nouveaux militants et d’élargir l’influence territoriale de ces partis. Au sein du Parlement ou des CTD, il s’agit d’assurer dignement le mandat hérité de la base en articulant la défense des intérêts des populations, notamment dans la perspective de revenir sur le terrain, avec des arguments concrets, à l’occasion des tournées de comptes-rendus des activités menées au Parlement ou au sein des CTD.
La gestion de cette période creuse, si tant est que l’objectif d’un parti politique est la co...

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